Mercredi 18 mars 2009, l'Adriatique entre Pescara et Rimini
Non ça n'était pas encore l'été, c'était même encore l'hiver.
Je revenais d'Istanbul presque à dos d'âne. Le ferry m'avait largué à Ancône le matin même et de là j'avais rejoint directement la gare et pris un train pour Milan.
Le roulement lancinant du train avait remplacé le bruit des machines du ferry et je plongeais tout naturellement dans une sorte de somnolence éveillée tandis que le paysage, l'Adriatique que la voie ferrée longe à cet endroit à quelques dizaines de mètres à peine, quelque fois moins, défilait suffisamment lentement pour que je m'y intéresse malgré tout.
Je savais que le train passait à Rimini. Je ne connaissais pas - aujourd'hui non plus d'ailleurs - Rimini, mais je l'avais rencontré à la faveur d'un livre mêlant textes et photographies. Ce livre de G. Mora et C. Nori qui s'étaient partagés l'ouvrage - de même que les idées sous-jacentes - s'appelait "L'été dernier/Manifeste photobiographique" où C. Nori présentait, accompagnées d'un texte, des photos de Rimini. Ces photos, je les retrouverais un peu plus tard dans un autre ouvrage, "Un été italien", acheté pour trois cacahuètes chez un soldeur parisien, Mona Lisait, aujourd'hui disparu.
Alors, dans ce train, j'imaginais, je voyais l'été à Rimini. La réalité hivernale de la région s'accomodait mal des photographies d'insouciance non feinte de jeunes gens bronzés et rieurs que j'en connaissais.
Je rejoindrais Milan, ne pourrait prendre un train que pour Vintimille et puis un autre pour enfin arriver à Nice around midnight. Le lendemain serait un jour de grève nationale, le soleil brillerait et je continuerais encore un peu mon voyage photographique.