jeudi 25 février 2016

Rock and Roll Circus terminus !



Juillet 1982, Cimetière du Père Lachaise, Paris
         
La photographie n'est pas exactement datée mais c'est l'été, le début de l'été et des vacances.
Comme chaque année - en réalité il faudrait presque écrire "chaque jour" - la fréquentation de la tombe de Jim Morrison vit un "pic de fréquentation"... je peux donc dire que la date cette photographie avoisine le 3 juillet 1982. Onze année après sa disparition, un rituel s'est installé pour les voyageurs de passage. 
Le buste est encore là, placé en 1981 il sera volé en 1988... la bouteille de Sidi Brahim aussi et puis il y a encore des fleurs et d'autres objets glanés sur les sépultures avoisinantes.
De cet endroit on entend très très faiblement la rumeur du boulevard de Ménilmontant. Quelques bavardages, des chuchotements parfois, viennent accompagner un air de guitare, quelques paroles de chansons et plus exceptionnellement un air de banjo ou un morceau d'anthologie s'échappant d'un lecteur de K7. 
Le temps passe, mais à dire vrai il ne se passe rien.
Quelques années plus tard l'atmosphère changera. L'administration recadrera ce beau désordre qui ne faisait de mal à personne. Surveillance permanente, stridence des coups de sifflet pour réprimander celui qui se serait assis au mauvais endroit, à l'ombre des frondaisons, buste remplacé par une stèle portant une épitaphe bien sentie, "KATA TON ΔAIMONA EAYTOY", qui ne dit rien à personne.

Cette photographie a plus de vingt trois années derrière elle. Début juillet, enfin je pouvais aller et venir sans contraintes professionnelles, quelques jours plus tard je partirai au Portugal. Jusqu'à la mi-août tout irait bien. Après cela deviendrait plus difficile, beaucoup moins fun... Ce schéma-là se répèterait jusqu'en l'an 2000 où le jour de la rentrée, je ne rentrerai pas. Et il n'y aurait plus jamais de "rentrée"...
        

2 commentaires :

  1. Litote : ce billet n’est pas un « remède à la mélancolie » (comme on dit le dimanche matin sur France Inter), loin s’en faut… Il y a dans cette image un condensé de petites libertés que ceux qui ont maintenant l’âge des protagonistes de la scène n’imaginent sans doute pas, une forme de naïveté aussi sans doute mais quelque chose d’une « échelle humaine » sur laquelle on avait prise directe. Ici la tombe de Jim Morrison, ailleurs le festival d’Avignon où l’on descendait dans des voitures qui ne passeraient jamais aujourd’hui le contrôle technique mais dont le capot était accueillant à des réparations maison, fussent-elles de fortune, ailleurs encore des étés insouciants,italiens ou autres…
    Ton billet nous parle de jeunes gens dont on ne sait rien, il nous parle aussi de toi dont on devine un peu plus et tout autant de nous qu’il projette par boomerang vers nos vies parallèles d’alors. Mélancolie donc, et mélancolie plus que nostalgie car ce n’était nécessairement « mieux » en ces années-là.
    Comme toute photographie au temps nécessairement arrêté, celle-ci nous parle en effet, et de touchante manière, de celui qui passe.

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    1. Merci Patrick !
      Tes mots complètent et prolongent si bien ce billet ;-)

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